cours d'eau, lacs, marais

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Les sources

Les cours d’eau

Les lacs et marais

Les personnifications

 

 

Les sources 

Les sources servent souvent de cadre à un mythe ; elles sont reconnaissables à la présence de rochers d'où coule l'eau et à une sorte de bassin au pied des rochers. La présence de l'eau peut être rendue de façon minimaliste, par quelques traits bleutés, comme dans cette belle mosaïque du mythe d'Hylas et les nymphes de la source, qui sont personnifiées et font corps avec les rochers et l'eau :

Emblema d'une mosaïque d'une villa de la Via Labicana (Ier s), Hylas et les nymphes

L'art de la mosaïque peut donner l'occasion de jouer sur un effet de transparence de l'eau, comme pour la mer. Sur une belle mosaïque de Shahba, en Syrie, datant du IIIe siècle et représentant le bain de Diane devant Actéon, le rendu du paysage est très beau : on voit la source sortir de la montagne, qui est d'ailleurs personnifiée, et la déesse se baigne à demi agenouillée dans un bassin rocheux où l'eau très claire permet de voir par transparence le bas de son corps, grâce à un effet superbe de couleurs bleutées :

Diane et Actéon, musée de Suweida (Syrie)

A gauche, appuyée sur des rochers, on peut remarquer la nymphe de la source qui contemple la scène (Les personnifications).

La source peut aussi être l'occasion de la représentation d'un jeu de reflet du personnage dans l'eau, comme dans cette autre mosaïque du mythe d'Actéon, plus tardive (Ve siècle) :

Sur la majorité des miniatures des traités d'arpenteurs, la source est représentée car elle est importante pour la cité : le cours d’eau sort d’une chaîne de montagnes. Le tracé et les sources du ou des cours d'eau peuvent même devenir le sujet principal de la représentation :

Parfois, le site de la source est aménagé avec un édicule :

 Et cet aménagement des sources est visible aussi sur les mosaïques.

 

Les cours d’eau

Quant au cours d'eau lui-même, il est représenté de deux façons différentes. C’est le plus souvent un espace coloré, souvent en bleu, d’une certaine épaisseur ; la mosaïque pastorale de la Villa Hadriana, d'une extrême précision, montre un paysage montagnard avec une source et  le cours d'eau autour duquel les animaux paissent. Le mouvement de l'eau et les remous sont rendus avec des dégradés de bleus et de blancs qui créent des effets de lumière.

L'eau est éventuellement remplie de traits évoquant le courant, en particulier sur les mosaïques, comme pour la représentation de la mer. Les miniatures des arpenteurs utilisent des couleurs très contrastées, du vert au bleu ; parfois il peut y avoir des poissons, comme dans le cas de droite :

  

Sur la Table de Peutinger, les cours d'eau sont en bleu-vert, avec un tracé sinueux qui s'oppose au tracé rectiligne des routes. Voici le Nil, qui descend des montagnes :

Sur les fresques pompéiennes, les cours d'eau ne sont pas très fréquents ; les peintres ont préféré les étendues d'eau au pied de rochers qui donnent de la profondeur à la composition ; elles peuvent figurer dans une scène champêtre ou un paysage sacré, souvent avec un pont qui marque leur présence, éventuellement pour servir d'abreuvoir aux animaux, comme ici, où la lumière sur les rochers marque le contraste avec l'eau en contrebas, qui reste sombre :

Une des mosaïques de la Place des Corporations d’Ostie montre un fleuve avec un delta très important ; on pourrait penser au Nil ; mais il y a aussi un pont de bateaux qui se trouvait à Arles, ce qui prouve qu’il s’agit du Rhône.

Le Nil et ses paysages ont été l'objet de plusieurs représentations intéressantes (créant un type de "paysage nilotique"). Ce fleuve est reconnaissable à la présence d'éléments typiques tels que les crocodiles et les hippopotames que nous présentons à la page spécifique sur les paysages nilotiques:

Enfin, sur les monnaies, le cours d'eau (et non la source même) peut être représenté, soit personnifié quand il s'agit de grands fleuves, sujets principaux du revers de la monnaie (voir les personnifications), comme le Danube par exemple, soit comme élément du paysage montré comme notable, sous la forme d'un flot qui traverse la monnaie, comme par exemple sur ce denier de Septime Sévère qui montre la Junon Caelestis de Carthage chevauchant au-dessus d'un cours d'eau qui jaillit d'un rocher (à gauche) :

Les lacs et marais

Quelques lacs figurent sur des peintures pompéiennes :

Pompéi, Maison de la Petite Fontaine

Sur cette belle fresque, les couleurs sont bien conservées et le bleu de l'eau contraste très fortement avec le rouge du bâtiment qui se trouve sur un îlot arboré et rocheux. La présence de l'eau est encore ici soulignée par la présence d'un pont qu'un personnage franchit. L'ensemble donne une grande impression de fraîcheur.

Sur une mosaïque qui se trouve au musée du Bardo, on voit un lac assez marécageux (des plantes aquatiques en émergent) d'où quelques pêcheurs tirent un filet. En plus de l'image de deux poissons, la différence entre l'eau et la terre ferme (qui sont toutes les deux sur fond blanc) est marquée par  la présence sur l'eau de stries en lignes fines qui créent des effets de vaguelettes à la surface du lac, exactement avec la même technique que pour représenter la mer :

 

 Les marais n'intéressent que les traités d'arpenteurs, étant souvent mis à l'écart des terres centuriées. Leur représentation est très significative : ce sont des espaces clos, remplis de couleur verte ou bleue avec différentes nuances, et quelques plantes et animaux aquatiques (poissons ou canards, qui nagent dedans, apportant des couleurs plus vives ou des effets d'ombres et lumières) :

Les personnifications

Elles sont très fréquentes pour les cours d’eau  et les sources (avec des hommes, dieux du fleuve, ou avec des femmes, nymphes des sources) : soit ces figures humaines remplacent la représentation concrète de l’élément paysager, soit elles le complètent en y étant accolées ou adossées. Par exemple, pour une source de cours d’eau, il est fréquent d’avoir une figure humaine appuyée d’un bras ou adossée soit sur une outre, soit sur un rocher d’où sourd l’eau, que ce soit sur des mosaïques, des monnaies, ou des fresques. Nous en avons vu ci-dessus quelques exemples avec les mythes. Sur la mosaïque de Timgad représentant le mythe d'Actéon, précédemment évoquée (mosaïque du mythe d'Actéon), on voit les deux nymphes de la source, l'une tenant  une urne, l'autre une coquille, d'où coule l'eau qui alimente la bain de Diane.

   

Mosaïques de Nabeul : sources dans les montagnes, personnifiées

Ci-dessus, on voit la traditionnelle figure humaine allongée, à demi nue, avec un roseau comme attribut, et de l'eau qui coule. On la retrouve exactement identique sur les monnaies, par exemple ici, où un taureau s'abreuve à la source personnifiée, qui s'appuie sur les rochers :

Bronze de Septime Sévère, Lydie, Thyatire : dieu fleuve

La divinité de la source peut, plus rarement, être assise au-dessus de la montagne ; ici, Apollon tend un rameau à une divinité de source juchée au sommet d'une montagne d'où coule l'eau :

Monnaie de Gordien, Cyanées (Lycie) : divinité de source

Sur les monnaies et les reliefs, les cours d’eau sont donc presque exclusivement représentés par des personnifications. La description du paysage n’est donc pas le but de la représentation : il faut notifier la présence, importante, d’un cours d’eau, sur un site, ou dans un mythe, mais pas le décrire comme sujet d’intérêt paysager. Par exemple, en Asie Mineure, sur des revers de monnaies, on représente le fleuve Hypsios tenant un arbuste, pour montrer qu’on y pratique le flottage du bois. Un autre fleuve apparaît avec un cep de vigne pour évoquer la présence d’un vignoble dans la région traversée par le fleuve.

Les personnifications les plus connues concernent les grands fleuves de l'Empire romain : on a alors une évocation du fleve lui-meêm mais aussi éventuellement des paysages traversés : voici par exemple le Danube, allongé à demi-nu sur des rochers qui évoquent sa source et  les régions au relief tourmenté qu'il traverse :

Monnaie de Trajan, avec DANVVIVS en exergue, le Danube personnifié

Enfin, quand on regarde la symbolisation d’Antioche sur la Table de Peutinger, on remarque que la femme qui incarne la ville est appuyée sur la tête d’une personnification de cours d’eau, reconnaissable à des roseaux tenus à la main, aux traits sinueux, issu d’un point précis (une source) : il s’agit soit du fleuve Oronte, soit de la source Daphné.