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Sommaire de la page par hyperlien : 1. La taille dans le rocher : des voies en corniche
Si l’on ne pouvait éviter les gorges (sans passer au fond) ou les barres rocheuses, on recourait à des grands travaux d’aménagement dont il subsiste encore des vestiges impressionnants. Les grands travaux menés par les Romains en montagne pour faire passer des routes sont le plus souvent liés à un obstacle rencontré sur un tracé qui ne peut l’éviter, en général une paroi rocheuse abrupte qu’il faut tailler pour créer un surplomb. Largement avant la période impériale, les Romains se sont distingués par la taille à même le rocher sur parfois plusieurs dizaines de mètres pour faire passer une voie importante qui ne pouvait contourner l’obstacle. Les exemples de taille dans le rocher dans des sites difficiles pour garantir une pente correcte sont extrêmement nombreux. 1. La taille des voies dans le rocherSur des terrains rocheux ou sur des dalles, il est fréquent que les Romains aient creusé des ornières assez profondes, pour freiner les attelages à la descente :Voie romaine du Bözberg, Suisse : de profondes ornières
Si la pente était trop raide pour des chariots tirés par des bœufs, les ingénieurs romains calculaient l’angle maximal toléré par les bêtes de somme, tiraient une ligne entre le point de départ et le point d’arrivée souhaité sur la crête et faisaient les travaux nécessaires.
"Porte de Donnaz" (Val d’Aoste) : voie romaine taillée dans le rocher et tunnel
L’idéal est qu’une voie soit assez large pour que deux chars se croisent, mais ce n’est pas si fréquent en haute montagne ou dans des sites rocheux. C’est pour cela que Pausanias prend la peine de saluer le fait qu’Hadrien ait fait élargir la route côtière dans les Monts Géraniens (ou Roches Skironiennes, selon les auteurs), entre Mégare et Corinthe : (44, 6) : Mais l’empereur Hadrien la fit établir assez large et assez convenable pour que des chars s’y croisent. Cette route franchit ces montagnes qui tombent directement dans la mer en falaises. Elle est donc en corniche sur « 6070 pas », comme l’écrivait Pline, ce qui correspond à environ 7 km. Pausanias évoque en effet son aspect étroit. Strabon explique qu’elle « côtoie l’abîme » : (IX , 1, 4) : Du fait que la montagne qui la surplombe est à la fois élevée et infranchissable, cette route doit se rapprocher tellement des Roches Skironiennes qu’en bien des endroits elle est suspendue au bord du précipice . L’avoir élargie, c’est avoir « forcé la nature » hostile typique de la montagne, ce qu’a salué de façon générale Strabon à propos de la construction des routes par Auguste dans les Alpes : (V, 6, 6) : Forcer la nature en traversant des rochers et des escarpements d’une hauteur démesurée.
Vues de Terracine avec sa falaise entaillée sous Trajan Les Romains ont indiqué la hauteur des travaux par paliers dans des sortes de cartouches avec des chiffres :
Marqueurs romains de la hauteur dans la falaise entaillée de Terracine (Italie) Ouvrir une route ou l'entretenir dans un paysage au relief hostile n'est pas l'apanage des seuls empereurs : on a retrouvé une inscription romaine à 15 km environ de Sisteron (France), datant du Ve siècle, sur la route de St Geniez, commémorant des travaux entrepris par un notable romain pour ouvrir une route secondaire à travers une cluse vers un lieu (énigmatique) dit Theopolis : détail du site détail de l'inscription de Pierre écrite, à Chardavon, près de Sisteron (France) fac-similé de l'inscription Claudius Postumus Dardanus, vir inlustris et patricia dignitatis, ex consulari provinciae Viennensis ex magistro scrinii libellorum, ex questore, ex praefecto pretorio (sic) Galliarum, et Nevia Galla, clarissima et inlustris femina, mater familia eius, loco cui nomen Theopoli est viarum usum, caesis utriumque montium lateribus praestiterunt, muros et portas dederunt, quod in agro proprio consttutum tuetioni omnium voluerunt esse commune, adnitente etian (sic) viro inlustri comite ac fratre memorati vri Claudio Lepido, ex consulari Germaniae Primae, ex magistro memoria, ex comite rerum privaterum, ut erga omnium salutem eorum studium et devotionis publicae titulus possit ostendi.
"Claudius Postumus Dardanus, homme illustre de dignité patricienne, ancien consulaire de la Viennoise, ancien maître des archives impériales, ancien questeur, ancien préfet du prétoire des Gaules, et Nevia Galla, femme très célèbre et illustre, son épouse, ont offert au lieu-dit Théopolis, après avoir entaillé les deux côtés de la montagne, l'usage de routes et lui ont donné des murs et des portes. Ce qu'ils ont réalisé sur leurs propres terres, ils l'ont voulu commun pour la protection de tous, avec encore l'appui du compagnon et frère de l'homme que nous commémorons, Claudius Lépidus, ancien consulaire de Germanie Première, ancien maître des archives impériales, ancien intendant des revenus impériaux, afin que leur zèle pour le salut de tous, le signe de leur dévouement à l'intérêt public puisse être montré " 2. Le passage des gorgesDans les gorges, la voie ne passe jamais exactement au niveau du torrent, pour mettre les voyageurs à l’abri des congères en hiver.
Mur de soutènement romain pour le passage d’une voie dans la gorge du Siaix On voit bien le mur de soutènement en blocs taillés sur la photo.
3. TunnelsLes Romains ont creusé des tunnels dans les montagnes quand la route ne pouvait pas éviter de passer par des rochers et qu’on ne pouvait pas les tailler en corniche.
Tunnel du Furlo, Italie
Tunnel romain de Pierre Pertuis (Suisse) Sur la photo, on discerne l’emplacement de l’inscription, en creux au centre de la voûte. Le travail a été visiblement difficile : les Romains ont dû déblayer une grande quantité de terre au pied du rocher pour obtenir la pente voulue pour la route. La largeur du passage indique qu’ils voulaient que deux chars puissent s’y croiser. On sait, par une inscription au-dessus du tunnel du côté nord, que ce travail date environ de 200 ap. J.-C. (sous les règnes de Septime Sévère et de Caracalla) : CIL XIII, 5166 : Numini(bus) August[o]rum / via [d]ucta per M(arcum)/ Dunium Paternum / Iivir[u]m col(oniae) Helvet(iorum). « Route construite en l’honneur des empereurs par Marcus Dunius Paternus, duumvir de la colonie des Helvètes. » Les travaux furent financés par un magistrat municipal d’Aventicum, sans doute un riche marchand voulant intensifier le commerce avec la Gaule, puisque cette voie permettait de raccourcir sensiblement le parcours entre Bienne et Bâle, qui autrement passait 40 km plus à l’est, par Balsthal.
Table de Peutinger, segment V, 4 : la Crypta Neaapolitana Le tunnel fait 700 m de long et devait être à peu près de 4, 50 m de large en moyenne.
Crypta Neapolitana, (Naples) : l'exemple d'un grand tunnel sous une montagne
Les Romains avaient même aménagé des ouvertures pour laisser passer la lumière, comme en témoigne Sénèque, certes de façon critique, puisqu'il écrit à ce propos qu’en dépit des ouvertures, les ténèbres règnent, ainsi qu’une forte poussière et il utilise l’expression illo carcere pour désigner le tunnel qu’il a emprunté (Ep., LXVII, 1, 1-2).
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