Représentation du paysage

 

Les représentations du paysage sont étudiées par Vitruve, auteur romain dans son traité Sur l'architecture, à propos de la peinture au début de l'Empire : "Ils se mirent à imiter aussi les formes des édifices (...).pour les galeries, ils tirèrent parti des espaces que leur procure leur longueur, et les décorèrent de paysages variés, empruntant des images à des particularités topographiques précises ; on peint ainsi des ports, des promontoires, des rivages, des cours d'eau, des sources, des euripes (canaux), des sanctuaires, des bois sacrés, des montagnes, des troupeaux, des bergers ; de même, en quelques endroits, de grandes compositions à personnages repésentant des images de dieux ou de scènes mythologiques." (VII, 5, 1-2)

Les couleurs, dans la mesure où elles n'ont pas trop été altérées, vont du plus lumineux, presque pâle, sans contrastes, à des tonalités sombres, voire obscures pour des fresques de la période flavienne.

Les compositions paysagères utilisent plusieurs plans successifs, mais dans le cadre de mythes avec des personnages de grande taille et identifiables au premier plan, les élements du paysage peuvent être réduits à un arrière-plan très sobre, avec un éclairage unique et sans clair-obscur. Un même type de paysage peut même servir à plusieurs mythes, par exemple les masses pierreuses très élevées qui ferment la perspective pour les mythes de Pan, d'Europe, et de l'Amour puni, sur les fresques pompéiennes, Hylas, Narcisse, Actéon, Endymion et Sélénésur les mosaiques.

A l'inverse, quand il s'agit d'évoquer une nature sauvage et grandiose qui joue un rôle certain dans les mythes de Polyphème et Galatée ou d'Andromède et Persée, le bleu-vert et les tons sombres dominent, les personnages sont plus petits.

 

Les documents anciens formant des compositions complexes avec divers éléments du paysage sont très fréquents dans la peinture, sous la nom de "paysages sacro-idylliques", mais beaucoup moins sur les autres supports. Ce ne sont pas des représentations réalistes.

Ce sont des tableaux pittoresques avec un point d'eau, un bosquet, des arbres, des colonnes, des offrandes, des autels, des sanctuaires rustiques, des portiques. Les personnages sont le plus souvent des pâtres.

Une mosaïque d’Hippone montre par exemple un paysage réel du IIe siècle avec des détails minutieux : un golfe avec des avancées rocheuses, l’embouchure d’une rivière franchie par un pont, le rempart de la cité, des maisons étagées, des portiques, un temple prostyle. Cette vue est « prise » depuis la mer et l’on peut donc aussi voir une représentation typique de la mer, avec des petits traits signifiant les vagues, et des animaux marins : poissons, pieuvre, tritons, crabes.

 Un exemple original (car ce n'est pas une fresque ou une mosaïque), est un décor de plafond en stuc dans la villa de la Farnésine, à Rome, datant du règne de Tibère (I er siècle).

C'est un paysage "sacro-idyllique" avec une végétation faite de pins et d'arbres noueux, un relief varié, avec des effets dans le stuc suggérant une éminence rocheuse, sur laquelle est juché un bâtiment assez élevé terminé par un toit à colonnettes, devant lequel se trouve une statue de Priape, divinité rustique de la fécondité. Deux bâtiments encadrent un pont au milieu, différents personnages ponctuent la composition. A droite, deux pêcheurs juchés sur un rocher au-dessus des flots.

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