montagne

 

Les montagnes

Les représentations de la montagne reposent sur une image péjorative et stéréotypée fondée sur l'impraticabilité, la raideur, et la couverture forestière.

Dans les représentations iconographiques des montagnes, le thème du rocher est primordial.

Sur ce tétradrachme de Septime-Sévère, émis à Antioche, par exemple, le revers figure la personnification de Tychè, assise sur le Mont Oropos, devant le fleuve Orontes. La montagne est symboliquement représentée par un tas de rochers, figurés par des petites boules particulièrement bien dessinées, très régulières :

Sur les monnaies, on peut donc constater que l’image de l’accumulation de rochers est presque immuable, quelle que soit l’altitude de la montagne, que ce soit une colline ou une haute montagne. Un exemple très probant est celui des sept collines de Rome, que l’on voit au revers d’une monnaie émise par Vespasien  :

La montagne est rarement représentée sur les monnaies en tant que sujet principal, sauf dans le cas de montagnes personnifiées  ; mais quand on trouve la présence de montagnes, c’est toujours sous la forme d’une accumulation de rochers, en tant qu’ensemble de composants de la montagne. Le Mont Viaros apparaît ainsi comme sujet géographique unique sur de nombreuses monnaies de la cité de Prostana, en Pisidie :

 

Ici, la montagne, représentée sous la forme d’un tas de six rochers très ronds, est surmontée d’un grand sapin aux branches surdimensionnnées par rapport au tronc. Ce revers a été émis pendant tout le Haut-Empire. Le Mont Argée fournit aussi d’innombrables exemples : on peut voir soit trois gros rochers parallèles, soit un ensemble de petits rochers en tas irrégulier :

D'ailleurs, quand la personnification de la Cappadoce, province où se trouve le Mont Argée, est représentée, elle tient un tas de rochers symbolisant la montagne, dans sa main, comme un attribut typique :

Ce qui est intéressant, c’est que certaines personnifications de provinces romaines ou de routes s’appuient sur des éléments symbolisant le paysage typique de la région dans laquelle elles se trouvent. Par exemple, la Via Traiana, route portant le nom de l’empereur Trajan car construite sous son règne, dont la construction est célébrée, et qui traverse des régions montagneuses :

Enfin, la montagne apparaît sous la forme de rochers lorsqu’elle sert de cadre à un mythe et qu’elle permet de l’identifier. Ainsi, Hercule se trouve sur certaines monnaies avec un rocher ; tel est le cas du mythe où apparaît son fils Télèphe, représenté sur une monnaie d’Antonin le Pieux. Hercule, très reconnaissable, est face à un tas de rochers (flèche jaune) avec sa massue et sa peau de lion : c’est sans doute le mont Parthénion, en Arcadie, où le mythe situe l’abandon du bébé :

En peinture et en mosaïque, on retrouve cet aspect ; par exemple, pour ce même mythe de Télèphe, justement, on a une représentation de l’Arcadie personnifiée sous les traits d’une femme, qui est assise sur un rocher, sans doute pour le Mont Parthénion. Elle a le front couronné de feuilles de vigne et elle tient, comme attribut, un sceptre noueux, symbole de ses forêts montagneuses, où le mythe de Télèphe, fils d’Hercule, était situé :

         Le fond des peintures à sujet mythologique (fresques), en fondu, suggère que l’ensemble du paysage environnant est montagneux. Dans l’image traditionnelle romaine d’une montagne escarpée et rocheuse, l’insistance est donc mise sur la fermeture du paysage par des roches déchiquetées et impraticables, sur les ravins, les terrasses rocheuses, la pauvreté de la végétation. Le plan peut être plus resserré  sur des rochers qui représentent la montagne sans perspective ni profondeur dans certaines peintures et mosaïques : les rochers qui entourent étroitement un personnage unique sont alors encore plus saisissants car ils sont déchiquetés, et ils traduisent son isolement dans la montagne et la sauvagerie de la nature ; tel est le cas des peintures du mythe de Narcisse, toujours dans un paysage très montagneux, désolé et rocheux, et de celui d’Orphée, qui figure sur des mosaïques africaines. Le plan est alors plus resserré, mais les rochers restent les symboles du cadre montagneux, essentiel dans le mythe  

 

Sur la Table de Peutinger,  les montagnes sont représentées par des lignes de moutonnements de couleur ocres, avec parfois des variations de couleurs.

Le Mont des Oliviers est un peu particulier  par sa couleur plutôt rouge et ses indentations plus marquées :

Enfin, sur les miniatures des arpenteurs, on retrouve la présentation en moutonnements, mais ils peuvent être beaucoup plus épais et les couleurs sont très variées, jouant sur les lumières et ombres, pour suggérer la différence des versants :

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Ici, on va même faire alterner le rose et le vert...

Les miniatures présentent des montagnes à la couverture silvestre très marquée, ce qui est une des caractéristiques littéraires des stéréotypes sur la montagne  :

 

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