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Des représentations de montagnes « traditionnelles »
Iconographiquement, les volcans sont très rarement indiqués comme tels et apparaissent le plus souvent comme les autres montagnes ; il est de ce fait difficile de les reconnaître, à moins qu’il n’y ait des éléments identificateurs à proximité. Sur la Table de Peutinger, les deux volcans les plus connus apparaissent, mais ils sont représentés comme toutes les autres montagnes, sans signe distinctif de leur caractère particulier, c'est-à-dire par des moutonnements de couleur ocre. Table de Peutinger, segment V, 5 : le Vésuve sans signe distinctif Le Vésuve est ici dessiné exactement comme les autres montagnes, notamment ici les monts Lattari, au sud-est de Stabies, avec une forme linéaire fallacieuse omniprésente sur la Table de Peutinger pour les montagnes. On voit nettement que le volcan est identifiable seulement par sa situation géographique par rapport à Pompéi, Oplonte et Stabies. En Sicile, l’Etna est dessiné de la même façon linéaire sur la Table de Peutinger, mais sous la montagne d’où coule un cours d’eau, se trouve en toutes lettres le mot AETHNA, sans doute non pour le volcan, mais pour l’agglomération qui porte son nom, citée par Strabon (VI, 2, 8) : Table de Peutinger, segment VI, 2, détail : la Sicile avec l’Etna sans signe distinctif du volcanisme Sur les monnaies romaines de l’époque impériale : le Mont Argée de Cappadoce La représentation de volcan est très rare, à l’image de celles des autres montagnes, car les sujets géographiques, exceptionnels, n’apparaissent que sur les revers de monnaies émises par des cités qui revendiquent une particularité qui devient un symbole de son territoire ou de son histoire. Elle concerne les émissions provinciales émises sous l’empire par la cité de Césarée de Cappadoce, avec le Mont Argée, massif important (3916m) et sacralisé. La plupart des représentations ne semblent proposer aucun attribut propre à un volcan ; on retrouve l’image monétaire classique des montagnes, avec cependant une grande minutie dans les détails à partir de la fin du Ier siècle de notre ère : ce sont des tas de rochers de forme triangulaire, le rocher étant représentatif de l’âpreté du relief montagnard. Une monnaie montre au revers une personnification de la Cappadoce, reconnaissable à la légende CAPPADOCIA, avec la montagne dans sa main droite, ce qui prouve que le volcan était un symbole géographique important à l’échelle de toute la région : Monnaie d'Hadrien, ( en 137), revers : la Cappadoce personnifiée avec le Mont Argée dans sa main droite (BMC, III, 1725). Légende : CAPPADOCIA, SC On trouve souvent des arbres sur les versants, la couverture forestière étant aussi perçue comme une caractéristique fréquente des montagnes : Monnaie de Marc-Aurèle : au revers, le Mont Argée, volcan sacralisé, représenté avec arbres et rochers Iconographiquement, seul le Mont Argée permet de s’interroger sur la présence imagée de signes éruptifs. Certaines émissions du IIe siècle ont pour particularité de montrer des sortes de torrents de lave qui descendent du sommet et peut-être même un feu intérieur, figuré sous la forme d’un cercle plein souterrain, entouré de rochers, d’où montent des flammes revers de didrachme émis sous Lucius Verus (Sydenham, 351), en 172 : le Mont Argée avec flammes, cratère et torrents de lave ? On a retrouvé
un poids de balance romaine qui représente le Mont Argée couvert de pins, avec
une figure radiée sommitale, un panier d’offrandes (des pommes de pins) et, au
centre, sous le sommet, sans doute des flammes qui s’élèvent, figurant le feu
intérieur du volcan. Poids de balance romaine : le Mont Argée très arboré, avec un feu intérieur et une divinité sommitale.Entre 150 et 250 après J.-C., hauteur : 12 cm, Museum of Fine Arts, Boston. Le problème posé pour l’interprétation iconographique de cet élément des représentations du Mont Argée repose donc sur l’hypothèse selon laquelle les Anciens savaient que le Mont Argée est un volcan. La réponse semble affirmative, d’après la lecture de la seule source précise sur la géographie du Mont Argée, qui est Strabon : il évoque les feux souterrains qu’on trouve en beaucoup d’endroits des lieux situés au-dessous de la forêt (qui recouvre le Mont Argée). Sur ces documents iconographiques, à chaque fois que l’activité éruptive est montrée, une figure divine sacralise la montagne. De fait, l’omniprésence du feu et de la fumée –même exagérément érigée comme loi naturelle- est présentée systématiquement comme le signe d’une présence divine dans l’imaginaire antique : Dans cette île <il y a> une montagne qui s’appelle l’Etna ; si la chose est croyable, il y a une divinité dans cette montagne, car jour et nuit son sommet est en feu et une fumée qui s’élève y apparaît (Expositio totius mundi et gentium, LXV).La plupart du temps, il s’agit de Vulcain/ Héphaïstos.
La sacralisation iconographique du volcanAux éléments physiques s’ajoute une statue de dieu au sommet, ce qui montre que le volcan avait une importance religieuse. La représentation numismatique était attentive à la réalité physique du massif, car certaines monnaies et statuettes montrent un Mont Argée avec un triple sommet, ce qui est conforme à la réalité du volcan. C’est le cas sur des revers de monnaies, par exemple un drachme émis à l’effigie de Caracalla en 209, où l’on peut voir un Mont Argée à trois sommets rocheux et très arborés (le pic central est le plus grand, surmonté d’une étoile, les deux autres d’aigles) : Revers de monnaie de Caracalla, Sydenham 476c. Agalma en bronze du Mont Argée, époque impériale le Mont Argée aujourd'hui La vie prêtée à ces montagnes actives apparaît dans ces documents sous la forme d’une sacralisation du volcan, avec la personnification en un dieu qui, sur cet agalma, a un visage barbu, au centre du pic central, entouré par des symboles végétaux. Sur d’autres documents, on trouve aussi, de façon très significative, un dieu assis sur la montagne sous forme de tas de rochersou tenant la montagne dans sa main, comme attribut principal.
statuette en bronze où le dieu tient la montagne sous forme de tétraèdre (Musée de Boston)
Comme nous pouvons le voir dans ces documents, au premier abord, en plus de son abondante couverture forestière, d’ailleurs remarquée par Strabon, c’est la sacralisation de ce volcan qui compte, parce que les volcans sont tout naturellement considérés comme des montagnes vivantes. En fait, nous allons voir qu’il y a sans doute, sur la plupart des monnaies de l’Argée, des éléments volcaniques.
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