Phénomènes sans feu

 

 

Outre le souvenir ou l’actualité de l’éruption, certains critères autres que celui de « la montagne qui brûle » fondent une typologie assez clairement formulée et permettent à des auteurs antiques de décrire des zones volcaniques locales, voire régionales.

 

Une atmosphère desséchée, voire brûlante

Les volcans actifs sont aussi reconnaissables à la sécheresse de l’air ambiant qui concerne toute la région autour de la montagne, comme l’écrit Galien avec une grande insistance à deux reprises en quelques lignes d’intervalle à propos du Vésuve. Il y a aussi des exhalaisons (tèa pneéumata, exhalatio(nes)) brûlantes, en particulier à proximité du cratère, comme le souligne Strabon à propos de l’Etna. Solin le fait aussi remarquer pour le Vésuve qui est entouré de vapeur par un souffle d’air brûlant. Ils ne confondent pas ces souffles chauds avec les fumées et vapeurs issues des éruptions, voulant exprimer la présence d’une sorte de microclimat lié au volcanisme.

La Campanie est l’exemple le plus choisi par les Anciens. Le site de la Solfatara est décrit par Strabon comme un plateau entouré de toutes parts de talus brûlants, percés comme un fourneau d’une multitude d’orifices expiratoires qui répandent une odeur nauséabonde à souhait. Le soufre est un indice probant de volcanisme car le plateau est tout recouvert de déjections de soufre.

Des sources chaudes

Le volcanisme peut aussi se manifester par la présence remarquable dans le paysage de sources chaudes. La région de Baïes était célèbre pour ses sources chaudes, qui sont mises en relation avec la proximité du Vésuve par Solin dans la même phrase que celle sur le Vésuve.  Vitruve évoque des sources d’eau bouillante et, dans toutes ces excavations, des vapeurs chaudes. Selon la théorie omniprésente d’un réseau souterrain reliant les sites volcaniques, Strabon crée des ensembles régionaux fondés sur l’association thématique feu/sources chaudes : on retrouve la région campanienne : toute la contrée jusqu’à Baïes et jusqu’aux environs de Cumes étant pleine de soufre, de feu et de sources chaudes (V, 4, 6), mais il crée aussi un plus vaste ensemble régional, tant continental qu’insulaire, en montrant le caractère volcanique de l’ensemble de la région de la Sicile à Cumes  en expliquant rapidement que son sol est creux et plein d’eaux courantes et de feu.

Les Anciens savaient d’ailleurs très bien utiliser cette activité sous-jacente des volcans en aménageant des bains curatifs dans des sources chaudes : on a creusé des étuves où une vapeur brûlante, issue des profondeurs, s’ouvre là, sous l’effet de la violence du feu, une voie dans la terre à travers laquelle elle se répand : s’élevant dans ces lieux, elle y offre ainsi un moyen excellent de sudation, écrit Vitruve. Plus tard, Caelius Aurelianus évoque les vertus thermales des « eaux chaudes du Vésuve ».

Dans une démarche ponctuelle de catégorisation naturelle intéressante, Vitruve crée une typologie des terres volcaniques ; il utilise comme critère la présence de sources bouillantes et de vapeur, mais aussi celui de la pierre poreuse (ponce) que l’on extrait dans la région napolitaine, qu’il appelle pumex Pompeianus. Il cite alors le Vésuve, l’Etna et les collines de Mysie à titre d’exemples précis, et y associe tout autre lieu qui a des propriétés de ce genre.

 

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