Historiens

 

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Le paysage comme cadre d’une action historique

           Dans les écrits des historiens antiques, que ce soit en prose ou en poésie, la géographie a souvent une place très mineure, mais il ne faut pas négliger pour autant l’importance du paysage, qui bien souvent n’est pas seulement décoratif, mais qui peut être décrit dans le cadre d’une opération militaire parce qu’il a un rôle stratégique essentiel. Ainsi, Polybe écrit-il : Il ne faut pas négliger de décrire le cadre topographique de n'importe quelle action et encore moins lorsqu'il s'agit d'opérations militaires (V, 22, 7). Dans la plupart des cas, certes, les montagnes sont donc décrites au passage ou en introduction d’un récit, à l’occasion d’une conquête ou d’un fait important.  En général, ces annotations ponctuelles de description du paysage apparaissent soit pour expliquer une stratégie, le déroulement d’une bataille (Salluste, César, Tacite), un parcours difficile d’armée et la valeur du général qui motive ses troupes pour passer dans des conditions délicates (Tite-Live, Silius Italicus, Claudien pour les Alpes ; Quinte-Curce, Arrien pour Alexandre en Perse ; Dion Cassius, Appien, Plutarque, pour divers massifs ou fleuves évoqués assez rapidement), soit pour raconter un acte ou une décision importante dans la vie d’un empereur, dans un cadre montagnard (Suétone).

           

Le paysage comme sujet de digression géographique

Plus rares sont les véritables digressions géographiques importantes et soignées, voulues comme telles, qui ont les caractéristiques d’un véritable écrit géographique, qu’on trouve chez Ammien Marcellin ou Orose. Ammien Marcellin, qui écrit dans la deuxième moitié du IVe siècle, utilise beaucoup des sources livresques qu’il aime confronter et compiler (Festus, Ptolémée, Timagène, Solin), mais il a aussi été officier dans l’armée de l’empereur Julien, il a une expérience de terrain et il y a des passages dans son œuvre qui donnent des détails issus d’expériences personnelles, par exemple dans le passage des Alpes par le col du Montgenèvre ou sur les marges de Perse, sur la vue depuis le Pas de Sucques. Comme l’a écrit L. Mary (Les représentations de l’espace chez Ammien Marcellin, thèse Paris IV dactylographiée et microformée, 1995, p.113), l’historien qu’est Ammien Marcellin montre que « la haute montagne réduit l’espace praticable à quelques couloirs et oblige les personnages historiques à une extrême tension de la volonté et de l’intelligence « , ce qui « exclut une pratique routinière ou irréfléchie de l’espace ». Il ne cite les montagnes que de manière très sélective, si elles jouent un rôle administratif ou stratégique. Il fait aussi des erreurs, dont certaines prouvent qu’il n’utilisait pas des cartes inspirées de Ptolémée.        

Orose, qui écrit au Ve siècle, a fait une grande digression géographique dans ses Histoires, qui vise essentiellement à situer plus qu’à décrire fleuves, mers et montagnes. Il cite notamment des noms de montagnes plus qu’il ne décrit le paysage, parce que les massifs lui servent de points de repère. Il est probable qu’Orose a eu une carte sous les yeux quand il a écrit ces pages géographiques. Il ne manque pas de citer certaines montagnes parmi les plus connues par les Romains (Caucase, Alpes, Pyrénées, Rhipées, Olympe), mais il en oublie d’autres aussi importantes (Mont Liban, montagnes de Grèce) et on peut constater qu’il n’a pas intégré l’apport de Ptolémée pour nombre de montagnes importantes découvertes au IIe siècle. Ainsi, il garde souvent des images, erreurs et clichés traditionnels du Ier siècle ou même antérieures, sachant toutefois conserver une certaine prudence et une certaine distance par rapport à des théories désuètes avouant même son ignorance. Même s’il a voyagé, il utilise peu d’impressions personnelles, et l’actualité n’est guère apparente dans son long excursus géographique. Comme l’écrit Y.Janvier (La géographie d’Orose, Paris, 1982), « loin d’être dans la chronologie le premier géographe du Moyen-Age, Orose est le dernier de l’Antiquité. "

Procope, qui écrit la Guerre des Goths à la fin du Ve siècle, fait une très belle description du Vésuve.

 

 

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