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Sommaire de la page par hyperlien : Peintures, bas reliefs, monnaies et mosaïques
Les cartes antiques étaient tracées sur des supports périssables : papyrus, tablettes de bois (pinax). Elle ont donc presque toutes disparu, sauf des plans et cadastres gravés dans le marbre, ainsi qu'une mosaïque à sujet cartographique, consacrée à la Palestine, appelée "mosaïque de Madaba", sur laquelle nous allons revenir. Nous pouvons aussi prendre en considération le fait (parfois discuté) que les miniatures médiévales des manuscrits des arpenteurs romains peuvent être des reproductions d'illustrations datant de l'époque de rédaction des textes, c'est-à-dire du Haut-Empire. La seule « carte » antique qui subsiste est appelée Tabula Peutingeriana, Table de_peutinger . C'est en fait un manuscrit composé au Moyen-Age, sans doute au XIIIe siècle, en 1265, reprenant des données datant du IVe-Ve siècle. Le manuscrit « Conrad de Colmar » Codex Vindobonensis 324 est conservé à la Bibliothèque Nationale de Vienne, divisé en sections pour sa préservation Les spécialistes croient précisément déceler deux phases antérieures à l’état actuel : au début du IIIe s., avec un rédacteur occidental, parce que les détails sont plus grands en Occident, prouvant ainsi une plus grande familiarité des lieux ; l’autre de la fin du IV e s. ou du début du Ve s., qui explique la présence des six villes à rempart, la figuration de Constantinople et d’Antioche, de l’église Saint Pierre. Quelques corrections et additions datent des VIIIe et IXe siècles.Ce n’est pas une carte au sens moderne du mot : c’est un itinéraire qui indique les distances routières (en milles romains pour la majeure partie de la carte, en lieues pour la Gaule, en parasangs pour les zones perses et en milles indiens), qui déforme le monde connu, car il est sous forme de rouleau de parchemin. Il étire l’empire de gauche à droite du sud de la Bretagne (l’Angleterre) à l’île de Taprobane (Ceylan) en l’écrasant dans sa dimension nord-sud.(Longueur : 6,82 m ; hauteur : 0,34 m.) Dans son étude, il faut garder en mémoire qu’elle avait sans doute un but strictement utilitaire et officiel, lié aux voyages dans l’empire, en particulier pour le cursus publicus. Les mers sont de couleur bleue sans légende, les fleuves sont des lignes ténues bleues avec parfois un nom propre indiqué précédé de fl(umen). Elle montre les montagnes de façon schématique, vues sous la forme de lignes moutonnées de couleur ocre, sans proportions ni épaisseur, quand elles sont sur le passage d’une grande voie ou qu’elle forment une limite qui structure l’espace romanisé. Certaines montagnes portent un nom écrit en rouge ou noir à côté du dessin, d’autres pas. Les noms de certains cols importants sur des grandes voies romaines telles que la Via Domitia ou les cols des Alpes entre l’Italie et la Gaule sont précisés. Sur les montagnes (aux cols notamment) ou à leurs pieds figurent aussi les postes de douane et les stations. La Table de Peutinger présente donc à la fois l’intérêt d’apporter des informations et des noms et d’être une source iconographique. L’Itinéraire Antonin est une énumération des stations sur les routes de tout l’empire avec les distances en milles, d’ouest en est par grandes régions, avec quelques omissions régionales, et qui évoque fort peu les paysages. Il a sans doute été réalisé à partir d’une carte murale. On peut penser qu’il a repris un document datant de Caracalla (début III e s.), mais certains éléments datent de la fin du IIIe siècle et de la Tétrarchie (mention de Constantinople). Il en est de même pour les autres sources que sont les Gobelets de Vicarello (CIL XI, 3281-3284), où sont gravés des étapes d’un itinéraire de Rome à Gadès. Ne seront utilisées que rarement également : l’Itinéraire de Bordeaux à Jérusalem, qui date du règne de Constantin (333-335) et qui est un guide routier de relais en relais pour les pélerins, et encore moins la Cosmographie de l’Anonyme de Ravenne, qui est une compilation de moine érudit vers 670-700, qui abrège des sources datant vraisemblablement du Ve s. Enfin, la Notitia Dignitatum, (380-400), à fonction administrative, est une liste de cités et elle a quelques vignettes significatives pour des régions de montagnes (animaux sauvages, représentation du relief, fortifications). La mosaïque de Madaba est une source originale et précieuse de géographie historique, dont les informations remontent à un journal de voyage antique rédigé dans doute par un pèlerin chrétien avant la fin du VIe siècle, d’après les noms utilisés par Eusèbe de Césarée. Elle se trouve aujourd’hui sur le sol de l’église orthodoxe de Madaba, en Jordanie. Elle a été découverte en 1896, fragmentaire. Elle devait mesurer 15,70 m sur 5,60 mElle est un témoignage de la Palestine biblique, mais c’est surtout pour nous une belle représentation en couleur des installations humaines par rapport aux caractéristiques physiques, avec les routes romaines locales, des cités romaines, la Mer Rouge, le Delta du Nil, la côte méditerranéenne et des chaînes de montagnes. Elle est composée avec un souci de réalisme qui en fait une source iconographique importante, d’autant plus que les montagnes sont identifiables par leur situation précise à côté de villes dont le nom est donné en grec. Y figurent notamment le plateau trans-jordanien à l’est, et les montagnes de Damarie et de Judée à l’ouest, ainsi que les monts jumeaux Gegal et Garizim. On peut aussi y voir une forteresse installée sur une montagne isolée. C’est une source d’autant plus précieuse qu’elle donne une image à vol d’oiseau, où l’est figure en haut de la mosaïque. On date la mosaïque précisément entre 560 et 565 à cause de la présence de certaines constructions datées à Jérusalem.
Peintures, bas reliefs, monnaies et mosaïquesLa montagne, la mer, les fleuves peuvent apparaître dans quelques représentations figurées de l'époque romaine, mais presque jamais comme sujets de l’œuvre ; la peinture pompéienne du Vésuve est une remarquable exception. La mosaïque cosmologique de Mérida (Espagne), avec Mons et Nix. personnifiés, en est une autre, mais ils ne sont pas les seuls sujets. Le fait même d'absence relative des supports artistiques est significative dans l'étude des paysages chez les Romains, quand on l’oppose à leur présence concrète et effective dans la vie quotidienne de nombre d’habitants de l’Empire ainsi que dans les échanges et voyages par voie terrestre. La dimension artistique n'est donc pas négligeable quand on considère la façon dont les mosaïques, les peintures, ou encore les supports numismatiques, qui peuvent nous présenter desfleuves et des monts de façon réaliste ou, plus souvent, de façon personnifiée, notamment sur des monnaies d’Asie Mineure où les divinités sont associées à la montagne, à la source ou au cours d'eau ou identifiées avec eux, nous fournissent la traduction figurée d'une perception qu'il faut mettre en rapport et confronter avec celle des sources écrites et avec la présence romaine sur les sites, à travers l’édification d’autels, de temples ou de sanctuaires. Les monnaies peuvent de plus avoir un sens politique ou être les symboles représentatifs d’une cité : quand le revers représente une montagne, c’est qu’elle revêt une importance particulière sur le territoire de cette cité, qui la revendique officiellement.
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